La Rivalité Floridienne
Le défenseur des Florida Panthers, Uvis Balinskis, et Dylan Duke des Tampa Bay Lightning se battent pendant la troisième période d’un match de pré-saison de la LNH, samedi à Sunrise, en Floride. Photographie : Lynne Sladky/AP.
La rivalité entre les Florida Panthers et les Tampa Bay Lightning était autrefois un spectacle régional, un affrontement entre deux équipes d’expansion du sud jouant dans des arénas à moitié vides et sous l’indifférence générale. Cependant, en quelques années, elle s’est transformée en une querelle désagréable et révélatrice du hockey : une rivalité qui a mis en lumière les doubles standards, le népotisme et le fossé culturel de la LNH.
Le Chaos de la Pré-Saison
Le hockey de pré-saison est, par définition, sans signification, une série de répétitions que même les fans les plus passionnés remarquent à peine avant la nuit d’ouverture, lorsque les matchs commencent enfin à compter. Pourtant, au cours de la semaine dernière, les Panthers et les Lightning ont transformé une paire de matchs d’exhibition en un véritable cauchemar de violence : 114 pénalités totalisant près de 500 minutes dans la boîte, 16 expulsions de match et un joueur expulsé qui a réussi à obtenir une passe sur un huitième but qui n’aurait pas dû compter.
C’était le chaos total avant même le début de la saison, mais les conséquences inégales ont soulevé des questions inconfortables autour du sport.
Cela a commencé jeudi dernier lorsque AJ Greer de la Floride a frappé par surprise Brandon Hagel de Tampa à la tête – un rappel de la rencontre des playoffs de printemps dernier entre les équipes, lorsque le coup borderline de Hagel sur le capitaine des Panthers, Aleksander Barkov, a déclenché la réaction violente du défenseur de la Floride, Aaron Ekblad, qui a laissé Hagel avec une commotion cérébrale.
Le coup bas de Greer, puni par une amende de seulement 2 000 $, a brisé le code non écrit du hockey : on ne s’en prend jamais à un joueur avec un historique de commotion cérébrale connu, surtout à celui que l’on a déjà blessé. Ainsi, samedi, Tampa a aligné une équipe d’enforcers de la LAH et a passé la nuit à rendre la justice.
Les Répercussions Disproportionnées
La réponse de la ligue ? D’importantes amendes et suspensions pour les Lightning, aucune pour la Floride. Les scènes laides ont ravivé une vieille suspicion : que le système disciplinaire de la LNH protège ses favoris.
Les connexions des Panthers ne font qu’aggraver l’optique. Le directeur des opérations hockey de la ligue, Colin Campbell, est un ancien homme de pouvoir dont le fils est un propriétaire minoritaire et directeur général adjoint des – vous l’avez deviné – Panthers. Le responsable de la sécurité des joueurs, George Parros, est lui-même un ancien Panther.
Il y a une décennie, les e-mails divulgués de Campbell le montraient en train de réprimander les arbitres pour ne pas avoir accordé un traitement préférentiel à la Floride. Rien n’a changé.
Dans toute la LNH, ce dernier bain de sang ressemblait à une routine : un rappel vivant que le réseau des vieux garçons du hockey tire les ficelles d’un système de justice à deux vitesses.
Une Rivalité Évolutive
Le mauvais sang couve depuis des années. Pendant la majeure partie de leur existence, les Panthers étaient une pensée secondaire, éclipsés par les Lightning plus performants, qui ont remporté le premier de leurs trois coupes Stanley en 2004. Puis ils ont échangé pour Matthew Tkachuk – un attaquant brillant et provocateur – et ont engagé un entraîneur qui a encouragé le chaos.
Du jour au lendemain, la franchise est devenue une équipe de méchants presque comiquement rongeurs : inlassablement ennuyeux, joyeusement abrasifs et d’une manière ou d’une autre assez bons pour gagner quand même.
Les tensions qui couvaient depuis longtemps ont finalement explosé lors de la rencontre des playoffs d’avril. Lorsque Hagel a aplati Barkov avec ce qui semblait être un check d’épaule propre – un jeu de hockey à la vitesse des playoffs qui a mal tourné – les officiels ont jugé cela illégal car Barkov n’avait pas touché le palet.
La nuit suivante, Ekblad, qui avait déjà purgé une longue suspension plus tôt dans la saison pour des drogues améliorant la performance, l’a traqué et lui a asséné un coup de pleine force à la tête, le commotionnant – un coup de représailles qui n’a valu que deux matchs.
Un État des Lieux
La Floride a ensuite remporté la série et sa deuxième coupe consécutive, tandis que Tampa se plaignait de doubles standards. Ainsi, lorsque Greer a de nouveau ciblé Hagel – lors d’un match de pré-saison de septembre sans signification, de surcroît – les Lightning ont vu rouge.
Le lendemain, la discipline infligée par le département de la sécurité des joueurs de la LNH est tombée directement sur Tampa. Six joueurs ont été condamnés à une amende, deux suspendus, l’organisation a été pénalisée de 100 000 $ et Cooper a reçu une amende de 25 000 $. Greer de la Floride a conservé sa modeste amende de 2 000 $.
La perception était claire comme de l’eau de roche : les Panthers ne pouvaient pas faire de mal.
Et ce sentiment d’impunité est ce qui a transformé une rivalité interétatique autrefois anodine en quelque chose de bien plus sombre : un microcosme de la façon dont la LNH protège encore ses initiés et punit ses critiques.
Conclusion
Cette défiance s’inscrit parfaitement dans l’identité plus large des Panthers. Sous la direction du propriétaire Vincent Viola – un financier milliardaire et ancien candidat de Donald Trump au poste de secrétaire de l’armée – la franchise a cultivé une esthétique ouvertement Maga.
En miniature, la bataille de Floride reflète désormais les États-Unis eux-mêmes : grief et agression d’un côté, image de marque progressiste de l’autre, tous deux engagés dans un combat sur ce que le sport, et le pays, devraient être.
Le sport qui continue de promettre de se moderniser ne peut toujours pas s’empêcher de célébrer sa propre anarchie : une ligue où le pouvoir, et non le principe, décide qui s’en tire et qui reste saignant sur la glace.