Pourquoi Mike Tyson reste fascinant après toutes ces années

La Puissance des Mots et la Figure de Mike Tyson

Dans notre ère de distractions incessantes et de manque de repères communs, il est difficile de transmettre la puissance des mots « Heavyweight Champion of the World » tels qu’ils étaient perçus autrefois. Pour un public moderne, saturé de célébrités, il est ardu de comprendre l’ampleur de l’ombre que Mike Tyson projetait sur la culture américaine. Regarder Tyson aujourd’hui — avatar viril, dur à cuire attachant, magnat du cannabis — c’est croiser le chemin de quelqu’un qui a transcendé les éléments qui le rendaient si captivant et redoutable dans les années 1980.

Il était à la fois boxeur et criminel, philosophe avec un uppercut capable de faire plier les genoux. Tyson était une véritable machine à générer du contenu bien des décennies avant que ce terme ne soit popularisé, un tourbillon de scandale, de controverse, de violence et de triomphe. En résumé, il était, et demeure, l’homme le plus redoutable vivant, et cela contribue à son fascination infinie.

Découverte de « Baddest Man: The Breaking of Mike Tyson »

Aujourd’hui, nous découvrons « Baddest Man: The Breaking of Mike Tyson », un nouveau livre de l’écrivain new-yorkais Mark Kriegel. À l’instar de Tyson, « Baddest Man » nous ramène à une époque où les mots surpassaient les images, les paragraphes l’emportaient sur les vidéos, et l’analyse prévalait sur les mèmes. Ce livre n’est pas seulement un hommage à ce que Tyson fut, mais aussi un témoignage de la qualité du journalisme sportif.

Kriegel se penche sur la question suivante : pourquoi publier un livre sur Mike Tyson en 2025 ? Bien sûr, il y a l’angle économique — il devait un livre à son éditeur, et Tyson est toujours un sujet vendeur. Mais cela soulève une question plus essentielle : pourquoi continue-t-il à susciter autant d’intérêt ? « Tout d’abord, parce qu’il est encore en vie, » explique Kriegel. « Je ne pense pas que son existence puisse être envisagée comme acquise. Toutefois, l’anomalie majeure réside dans le fait qu’il demeure économiquement puissant, presque autant qu’à son apogée. Il continue de générer des revenus considérables. »

Un Portrait de Résilience

« Baddest Man » commence de manière surprenante : Mike Tyson, en père de tennis attentionné dans une communauté huppée de Newport Beach. Cela témoigne de sa résilience, mais aussi de son ascension vers des cercles qu’il n’aurait jamais pu imaginer dans sa jeunesse.

Kriegel et Tyson se rencontrent pour la première fois au début de la carrière de Kriegel, alors journaliste criminel pour le New York Daily News. À peine un mois après avoir commencé, Kriegel reçoit un appel à quatre heures du matin : Mike Tyson est impliqué dans une bagarre avec Mitch Green dans une boutique de vêtements.

Quelques semaines plus tard, il apprend que Tyson a saccagé le manoir partagé avec sa femme devenue ex, Robin Givens. Et dès lors les histoires s’enchaînent, aucune d’elles ne faisant référence à son impressionnant palmarès sur le ring. Kriegel réalise que Tyson est au cœur d’un nouveau type de culture de célébrité.

« Cela représente la genèse de ce que nous avons appelé ‘culture tabloïd’ ces 40 dernières années, » note-t-il. « C’était tape-à-l’œil et voyeuriste, et nous en voulions toujours plus. »

Empathie et Compréhension

En 1991, Kriegel rejoint la section sports du New York Post, et c’est alors que Tyson, dont la carrière connaît un déclin insidieux, devient ce qu’il décrit comme un « méchant désigné ». En tant que jeune chroniqueur, la subtilité n’est pas sa priorité. En 1988, Mike Tyson met KO Michael Spinks au premier round lors de l’un des combats les plus attendus de l’histoire.

Il faudra des décennies avant que Kriegel parvienne à ressentir de l’empathie pour Tyson — pour ses luttes, les défis personnels, psychologiques et spirituels qui l’ont tourmenté. Bien que cela n’excuse en rien ses crimes ni la douleur qu’il a infligée aux autres, cette empathie lui a permis de prendre la mesure du personnage dans « Baddest Man ».

« Il existe tellement d’empathie à son égard, » affirme Kriegel. « Il y a une reconnaissance de la vertu d’avoir simplement survécu aux épreuves qu’il a traversées : agressions subies durant son enfance, décès précoce de sa mère, abandon par son père, ainsi que la violence omniprésente dans son quartier. Malgré son image de victimisateur, il demeure aussi une victime. »

Le Combat Significatif et Sa Mémoire

« Baddest Man » retrace les débuts de Tyson dans le quartier de Brownsville à Brooklyn, sa relation salvatrice avec l’entraîneur Cus D’Amato, et sa montée fulgurante dans les classements de la boxe professionnelle. Ce volume — il y en aura un autre — s’achève sur peut-être le combat le plus significatif de sa carrière, celui du 27 juin 1988, contre Michael Spinks. Ce combat, le plus cher de l’histoire, organisé par un magnat de l’immobilier d’Atlantic City, Donald Trump, a duré 91 secondes, offrant un spectacle de pure brutalité, de dévastation et d’excellence.

« Il est difficile d’exagérer l’ampleur du battage médiatique entourant ce combat à l’époque, » témoigne Kriegel. « C’est le sommet de la carrière de Tyson. Un moment culturel précis où Trump et Tyson sont en pleine ascension. Vous n’avez pas besoin d’être un oracle pour deviner la direction que tout cela prenait. À ce moment-là, Tyson semblait invincible. »

Conclusion

« Baddest Man » est désormais disponible dans toutes les librairies. Il offre un portrait riche et captivant d’une époque marquante dans la boxe et en Amérique, dont les échos résonnent encore aujourd’hui.