Le phénomène des grognements au tennis
Le champion en titre de Wimbledon, Carlos Alcaraz d’Espagne. – Clive Brunskill/Getty Images
C’est la semaine culminante à Wimbledon, le tournoi de tennis le plus prestigieux au monde, et les vues et sons habituels sont au rendez-vous : des joueurs en compétition dans leurs traditionnels vêtements blancs, des célébrités bien habillées dans la loge royale, des fans dégustant des bols de fraises et de crème, et… les grognements. Beaucoup de grognements.
Si vous avez regardé beaucoup de tennis professionnel, les grognements sont difficiles à manquer. De nombreux joueurs de haut niveau émettent un bruit en frappant la balle — un signe audible d’effort qui peut aller d’un grognement étouffé à un cri perçant. Cela a longtemps été un sujet de débat dans le monde du tennis, avec de nombreux fans et certains anciens joueurs se plaignant que cela fait trop de bruit.
« Ce n’est pas nécessaire, » a déclaré la légende du tennis Martina Navratilova. « Il n’y a aucune raison de faire ce bruit en frappant une balle. Nous ne soulevons pas 200 livres au-dessus de notre tête. »
Les grognements : un sujet de controverse
Dans les décennies passées, la plupart des critiques concernant les grognements sur le court étaient dirigées — peut-être de manière injuste — vers les joueuses. Les cris de classe mondiale de l’ancienne joueuse Maria Sharapova ont été mesurés à 101 décibels — à peu près le niveau d’un perforateur. Lorsque Sharapova a affronté la grogneuse Victoria Azarenka en finale de l’Open d’Australie 2012, un titre l’a qualifiée de match de « reine des cris ». Serena Williams, l’une des meilleures joueuses de tous les temps, était également une grogneuse prolifique.
La Women’s Tennis Association, qui supervise le circuit professionnel féminin, a abordé les plaintes concernant les grognements sur le court en 2012, déclarant qu’elle travaillerait avec des entraîneurs et des académies de tennis pour réduire les bruits que les joueurs émettent pendant les matchs. Mais plus récemment, ce sont les joueurs masculins qui ont suscité des plaintes et des sanctions pour leurs grognements. Lors d’une demi-finale de Wimbledon 2023 contre Jannik Sinner, Novak Djokovic a été pénalisé d’un point par l’arbitre de chaise pour un long grognement qu’il a émis après avoir frappé un revers le long de la ligne. Et lors d’un match de quart de finale l’année dernière à Roland-Garros, Stefanos Tsitsipas s’est plaint à l’arbitre d’un « grognement prolongé » de Carlos Alcaraz pendant un tiebreak décisif du deuxième set.
Pourquoi les joueurs grognent-ils ?
Alors pourquoi les joueurs de tennis grognent-ils, après tout ? Les experts citent plusieurs raisons. Ils affirment également que bien que les grognements pendant les matchs puissent agacer les spectateurs, ils peuvent en réalité améliorer la performance.
- Amélioration de la respiration : Cela aide les joueurs à mieux respirer. Certains experts affirment que grogner peut aider les joueurs à garder un rythme et à libérer de l’énergie en balançant la raquette. Patrick Mouratoglou, qui a entraîné Serena Williams, dit que de nombreux joueurs sont enseignés à grogner parce que « c’est une façon de bien respirer pendant que vous jouez. »
- Déstabilisation des adversaires : Grogner lorsque vous frappez une balle de tennis peut masquer le son de la balle qui sort de la raquette, ce qui peut rendre plus difficile pour les joueurs adverses de lire le coup et de réagir rapidement.
« Ce n’est pas de la triche directe, mais c’est de la triche d’une certaine manière, » dit Navratilova.
- Augmentation de la vitesse : Grogner en frappant une balle de tennis semble également avoir un avantage plus tangible : cela peut aider les joueurs à frapper la balle plus fort. Des chercheurs ont constaté que les vitesses augmentaient dans les services et les coups droits de près de 5 % chez les joueurs qui grognaient.
Alors peut-être que les athlètes d’autres sports commenceront à grogner davantage — et plus profondément. Fans, protégez vos oreilles. Même si elle est à la retraite, Serena Williams ne s’arrêtera pas. Dans une récente interview, Williams a déclaré qu’elle avait modelé son grognement sur celui de Seles, l’une de ses joueuses préférées lorsqu’elle grandissait.
« Et donc je grognais littéralement à cause d’elle, et puis c’est devenu naturel… C’était vraiment fort, » dit Williams.
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