Philipp Lahm : La Coupe du Monde des Clubs et ses enjeux futurs

juillet 17, 2025

Analyse de la Coupe du Monde des Clubs

Comme prévu, la Coupe du Monde des Clubs a mis en lumière l’équilibre des pouvoirs dans le football. En demi-finale, on a vu trois équipes européennes et une d’Amérique du Sud, et le vainqueur est issu d’une finale entièrement européenne. Cependant, des moments marquants ont été offerts par des équipes d’autres confédérations. La victoire d’Al Hilal contre Manchester City a été un moment fort du tournoi, tout comme le parcours de Fluminense, qui a battu l’Inter.

Néanmoins, les clubs de football les plus puissants proviennent d’Europe. Selon le Money Football League de Deloitte, tous les 20 clubs ayant le chiffre d’affaires le plus élevé sont européens, ce qui n’est guère surprenant. La raison d’être de tournois comme la Coupe du Monde des Clubs est de mesurer la performance mondiale et de promouvoir le football à l’échelle internationale. Bien que des critiques aient émergé en Europe, ce qui est compréhensible, il incombe à la FIFA de prendre en compte les intérêts de tous les continents.

Défis à relever pour l’avenir

La Coupe du Monde des Clubs sera intégrée au calendrier, aux côtés des autres tournois de clubs et internationaux, dont beaucoup gagnent en ampleur et impliquent de plus en plus d’équipes. Cela représente un défi, mais c’est essentiel et nécessitera divers ajustements au cours des prochaines décennies.

Tout d’abord, il est impératif d’établir un calendrier attrayant et cohérent. Il deviendra bientôt irréaliste de s’attendre à ce que les saisons soient suivies de longues pauses estivales, et le football européen devra s’adapter à cette réalité. Les clubs devront trouver des solutions pour gérer leurs ressources, ce qui impliquera une planification d’effectif différente.

Les joueurs devront être utilisés à des rythmes variés au cours d’une saison, et cela pourrait même entraîner des changements dans les comportements sur le marché des transferts. Prenons la situation actuelle : presque tous les clubs d’élite d’Europe sont de retour à l’entraînement de pré-saison, tandis que les joueurs ayant participé aux dernières phases de la Coupe du Monde des Clubs partent, à juste titre, en vacances pendant plusieurs semaines. Lorsque la saison commencera, ces équipes pourraient se retrouver désavantagées pendant des mois.

Comment gérer cela ? Ils auront besoin de deux joueurs par poste, ce qui était probablement déjà le cas. Peut-être que les entraîneurs auront besoin de deux équipes avec lesquelles travailler ?

L’argent ne sera pas un problème, mais la vie professionnelle des joueurs de haut niveau et celle des entraîneurs qui les dirigent devront évoluer. Cela sera nécessaire pour prendre en compte la charge de travail des joueurs et la menace d’épuisement.

Impact de la météo sur le football

La chaleur est également un facteur à considérer. La météo a clairement eu un impact sur la Coupe du Monde des Clubs, et pas seulement parce qu’elle s’est tenue aux États-Unis. La montée des températures est un problème mondial. Pour les joueurs, c’est évident : si la température dépasse 30°C, il devient difficile de pratiquer un sport, et si elle dépasse 37°C, cela devient presque impossible.

J’ai déjà joué par temps chaud, et c’est très inconfortable, tant physiquement que mentalement. Les gens devraient prêter attention à la manière dont les joueurs décrivent leurs expériences. Les matchs peuvent devenir peu attrayants, et plusieurs rencontres lors du récent tournoi ont été affectées par des conditions climatiques difficiles.

Ce problème n’est pas uniquement américain. En été, les températures atteignent des niveaux très élevés dans de nombreuses régions, notamment en Asie, en Afrique, en Amérique du Nord et du Sud, ainsi que dans le sud de l’Europe. Il a également fait extrêmement chaud pendant le Championnat d’Europe féminin en Suisse.

Si nous ne voulons pas nous limiter à jouer en Scandinavie ou en Alaska à l’avenir, nous devons trouver une solution. Nous pourrions envisager de modifier les horaires de coup d’envoi, de déplacer les tournois en hiver, voire d’instaurer des pauses boissons toutes les 15 minutes. Mais cela a-t-il vraiment du sens ? La seule solution viable semble être la construction de stades climatisés.

En Europe, cela signifie qu’ils doivent être durables, sinon l’idée ne sera pas acceptée. Après tout, si les gens ne viennent pas au stade, il n’y a pas d’atmosphère. Et sans atmosphère, la valeur du football s’amenuise.

Vers une meilleure expérience pour tous

Peut-être devrions-nous engager des discussions plus ouvertes sur le fonctionnement des tournois et sur le type d’expérience qu’ils offrent à tous, joueurs et fans. Trouver cet équilibre est sans aucun doute un défi.

En tant qu’ancien directeur de tournoi pour l’Euro 2024, je sais que le sport en Europe doit répondre à des normes de durabilité. Les compétitions doivent être un compromis entre divers intérêts. J’ai traité cela au quotidien pendant six ans, cherchant à équilibrer la liberté de voyager, l’offre de billets à des prix justes et abordables, ainsi que toutes les considérations sociales.

Je sais que ce n’est pas facile, mais nous devons y parvenir. Le football est pour tout le monde, et personne ne devrait être exclu. Nous devons atteindre cet objectif tout en veillant à ce que les tournois puissent offrir la meilleure expérience possible.