Les décisions de la FIFA peuvent être contestées en dehors de la Suisse, selon la Cour de justice de l’UE

Décision de la CJUE sur les décisions de la FIFA

La plus haute cour de l’Union européenne a statué vendredi que les décisions de la FIFA peuvent être contestées en dehors de la Suisse, remettant en question un système qui obligeait jusqu’à présent les athlètes, les responsables et les clubs à accepter les verdicts rendus dans ce pays. Un communiqué de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a précisé que les tribunaux des 27 États membres de l’UE « doivent être en mesure d’effectuer un examen approfondi de ces décisions pour vérifier leur conformité avec les règles fondamentales du droit de l’UE. »

Implications de la décision

Cette décision, rendue à Luxembourg, signifie que les tribunaux nationaux de l’UE pourront réexaminer les verdicts du Tribunal arbitral du sport (TAS), basé en Suisse, ainsi que ceux d’autres autorités sportives. Il est important de noter que la Suisse n’est pas membre de l’Union européenne.

« Les décisions rendues par le TAS doivent être susceptibles d’un contrôle judiciaire effectif, » a déclaré le communiqué. Il a également ajouté que « les tribunaux ou instances nationales doivent être habilités à effectuer un examen judiciaire approfondi » pour s’assurer que les décisions du TAS « sont conformes à la politique publique de l’UE. »

Aucune réaction immédiate n’a été fournie par la FIFA ou le TAS. Cette décision pourrait mettre fin à une bataille juridique de dix ans menée par le club belge RFC Seraing et le fonds d’investissement maltais Doyen Sports, qui s’opposaient aux règles de la FIFA interdisant la propriété par des tiers des droits d’enregistrement et de transfert d’un joueur. En 2015, ils avaient demandé à un tribunal commercial à Bruxelles d’examiner si ces règles enfreignaient le droit de l’UE.

Clarification de la portée des décisions du TAS

La CJUE n’a pas statué spécifiquement sur la question de la propriété par des tiers, mais a plutôt clarifié la portée des décisions du TAS.

« D’après une lecture rapide de la décision, il est clair qu’il s’agit d’une victoire complète pour nos clients et pour l’état de droit dans l’UE, » a déclaré l’avocat de Seraing, Jean-Louis Dupont, à l’Associated Press.

Rôle et fonctionnement du TAS

Le Tribunal arbitral du sport a été créé en 1984 pour offrir aux sports un forum juridique unifié et contraignant pour régler les litiges et les appels. Basé à Lausanne, en Suisse, il constitue le recours obligatoire pour les athlètes souhaitant contester les jugements disciplinaires et d’appel des fédérations sportives olympiques. Le TAS traite des affaires dans de nombreux sports et joue un rôle clé dans les affaires de dopage.

Le football représente de loin le plus gros volume de travail du TAS, avec environ 950 affaires enregistrées chaque année. La contribution de la FIFA de 2,5 millions de francs suisses (2,75 millions de dollars) au TAS en 2023 représentait plus de 10 % des revenus de la cour cette année-là. Les verdicts du TAS peuvent être contestés devant la Cour suprême de Suisse à Lausanne, mais uniquement pour des motifs procéduraux limités, et sont rarement annulés. Seraing et Doyen avaient perdu devant le Tribunal fédéral suisse en 2018.

Conséquences pour l’autorité des organismes sportifs

La CJUE a déclaré que toute décision du TAS qui contraint d’autres tribunaux ou instances à agir « est contraire au droit de l’UE. » Cette décision marque un nouveau coup juridique contre l’autorité des organismes sportifs en Suisse. La même cour européenne à Luxembourg a rendu deux autres décisions majeures au cours des deux dernières années en vertu du droit de la concurrence de l’UE, notamment dans l’affaire de la Super League et le litige concernant le transfert de Lassana Diarra, qui ont également contesté l’autorité des organismes de football FIFA et UEFA.