Le Paris Saint-Germain en Finale de la Ligue des Champions : Le Qatar a-t-il Déjà Gagné ?

Le Déjeuner au Palais de l’Élysée

Le 23 novembre 2010, un déjeuner a été organisé au Palais de l’Élysée, la résidence officielle du président français. Parmi les invités du président Nicolas Sarkozy se trouvaient l’émir du Qatar, Sheikh Tamim Bin Hamad al-Thani, ainsi que Hamad bin Jassim bin Jaber al-Thani, alors Premier ministre du Qatar. Également présents, le légendaire footballeur français Michel Platini, président de l’UEFA, membre du comité exécutif de la FIFA, qui allait bientôt voter pour désigner les pays hôtes des Coupes du monde 2018 et 2022.

Platini s’attendait à avoir ce jour-là une audience privée avec Sarkozy. Au lieu de cela, il s’est retrouvé en conversation avec la délégation influente de ce petit pays riche en gaz.

Lorsque le vote a eu lieu au siège de la FIFA à Zurich neuf jours plus tard, Platini a fait partie de ceux qui ont influencé le vote en faveur du Qatar. Il a soutenu que sa seule motivation était « ce qui est bon pour le football » et a nié avoir subi une pression politique.

« Je comprenais que Sarkozy soutenait la candidature du Qatar, mais il ne m’a jamais demandé de voter pour le Qatar ou pour la Russie (pour le tournoi de 2018). »

Michel Platini, Guardian, 2013

Relations Franco-Qatariennes

La France et le Qatar sont des alliés depuis que ce dernier a déclaré son indépendance en 1971, mettant fin à la domination britannique. Les deux nations ont signé un pacte de défense en 1994. Sous la présidence de Sarkozy, entre 2007 et 2012, il y a eu une forte augmentation des investissements qataris dans l’industrie française, dans l’immobilier parisien et dans d’autres secteurs.

Parmi ces affaires, l’acquisition par Qatar Sports Investment (QSI) d’une participation de 70 % dans le Paris Saint-Germain pour un montant estimé à 50 millions d’euros en juin 2011 s’est révélée déterminante.

« Le président s’intéressait de près au rachat du PSG par QSI — d’abord parce qu’il s’agit d’un État étranger qui investit en France et ensuite parce qu’il est un fervent supporter du PSG. »

Franck Louvrier, Conseiller en communication de Sarkozy

Les Ambitions du PSG

La situation du club semblait désespérée, avec des classements médiocres lors de ses quatre saisons sous la gestion de Colony Capital. L’arrivée du soutien financier d’une nation comme le Qatar a radicalement changé la donne. Près de 15 ans plus tard, Forbes évalue le PSG à 4,4 milliards de dollars.

Sur le terrain, le club a remporté 11 des 13 derniers titres de Ligue 1 et s’apprête à affronter l’Inter en finale de la Ligue des champions. Une victoire ferait d’eux le premier club français à remporter le plus prestigieux des trophées européens depuis Marseille en 1993.

Le Qatar et ses Objectifs

Pour le Qatar, l’acquisition du PSG a déjà rapporté de nombreux bénéfices. Al-Khelaifi, président du PSG, a déclaré : « Je voulais construire une marque […] Nous souhaitions remporter des trophées. »

Le Dr David Roberts, expert en sécurité internationale, suggère que l’acquisition visait principalement à améliorer la sécurité du Qatar et le renforcement de ses relations diplomatiques.

« Regardez simplement d’un point de vue géographique. Le Qatar est en quête de sécurité face à de nombreux pays voisins avec lesquels il a eu des relations difficiles. »

Dr David Roberts

Conséquences du Blocus de 2017

En juin 2017, plusieurs pays ont rompu leurs relations avec le Qatar, invoquant son soutien à des groupes terroristes. Cela a mis en péril les espoirs du Qatar d’accueillir la Coupe du Monde 2022. Cependant, malgré le blocus, plusieurs nations ont continué à commercialiser avec le Qatar.

Aujourd’hui, le PSG est devenu une partie intégrante d’un vaste portefeuille d’investissements, et des responsables du club ont reconnu en privé que ces dimensions géopolitiques jouent un rôle dans leur stratégie.

Avenir du PSG et Ambitions Qatariennes

À la fin de l’année dernière, des rumeurs ont circulé concernant une potentielle vente du PSG, cependant, le club a rapidement démenti tout cela. Des enquêtes sur Al-Khelaifi ont récemment révélé des frustrations au sein de QSI, mais des sources affirment que la vente du PSG n’a jamais été à l’ordre du jour.

Bien que le PSG se trouve à un pas de la gloire en Ligue des champions, la question demeure : cette victoire serait-elle comparable aux ambitions géopolitiques largement sous-jacentes ?