Le dilemme de la terre battue à Roland Garros
Chaque printemps, les joueurs de tennis font face à un dilemme lorsque les circuits professionnels passent à la terre battue d’Europe, à moins qu’ils ne soient des spécialistes de cette surface. Acceptent-ils de s’adapter ou préfèrent-ils rester fidèles à leur style de jeu ? Au French Open, personne ne se confronte à cette question plus directement que Jannik Sinner, le numéro 1 mondial, dont les trois titres du Grand Chelem ont été remportés sur des surfaces dures.
Son adversaire en demi-finale à Roland Garros, Novak Djokovic, est le meilleur joueur sur surface dure de l’ère moderne, avec dix titres à l’Australian Open et quatre à l’US Open. Cependant, Sinner est actuellement le meilleur joueur sur surface dure et, contrairement à Djokovic, il n’a pas développé d’affinité pour la terre battue.
Retour complexe et adaptation
Cette situation le rend atypique pour un Italien. De plus, son retour le mois dernier, après une suspension de 90 jours pour dopage, a été particulièrement complexe. À la fin de sa suspension le 5 mai, Sinner n’avait eu que le temps de jouer un seul tournoi sur terre battue, l’Italian Open à Rome, avant le deuxième Grand Chelem de l’année.
Il a atteint la finale, où il a perdu contre Carlos Alcaraz, reputé pour son imagination et sa variété de coups. Et sa solution au dilemme de la terre battue ? Ne pas s’y acclimater du tout.
« J’essaie de ne pas m’éloigner du joueur que je suis, en restant agressif comme je le suis sur surface dure. »
La solution de Sinner a été de frapper la balle avec la même agressivité que sur une surface dure et défier ses adversaires de s’adapter à son jeu. Mais il modifie sa manière de frapper la balle en ajoutant un peu plus de rotation.
Statistiques et performances
Au tournoi de l’Italian Open à Rome, Sinner a enregistré le passage au filet le plus bas, avec une hauteur de 20 centimètres inférieure à celle de Lorenzo Musetti, finaliste au Monte Carlo Masters. Sinner a également frappé plus fort que quiconque, avec une vitesse moyenne de frappe de 78,6 mph, 3,6 mph plus rapide que Carlos Alcaraz, mais a varié ses coups moins souvent que ses adversaires.
« Jannik a dit que la terre battue était sa surface préférée. Il est évidemment plutôt bon partout. »
Peu de gens le savent mieux que Casper Ruud, qu’il a dominé en quart de finale de l’Italian Open. Ruud a partagé qu’après avoir entraîné avec Sinner, ce dernier avait commencé en prenant les quatre premiers jeux en moins de cinq minutes.
« Il ne frappe pas la balle avec un topspin plus élevé ou plus lourd, mais cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas bien jouer sur terre battue. »
Conclusion et perspectives
Sinner n’est pas le seul à faire preuve d’entêtement. Frances Tiafoe, qui a longtemps évité la terre battue, a décidé de jouer « au tennis sur surface dure sur terre battue » cette année et a atteint les quarts de finale au French Open. Sinner n’a pas encore perdu un set à Paris, mais sera probablement confronté à Djokovic en demi-finale, un grand joueur sur terre battue.
Sinner a déclaré qu’il ajustait sa stratégie en fonction de son adversaire, mais sa qualité de frappe et sa puissance restent uniques.
« La qualité de frappe qu’il a, avec sa puissance et sa profondeur de jeu, c’est unique, personne d’autre ne joue à ce niveau en ce moment. »