FIFA confrontée à un recours collectif de Justice for Players concernant les règles de transfert

août 4, 2025

Contexte du recours collectif contre la FIFA

La FIFA est actuellement confrontée à un recours collectif concernant ses règles de transfert, qui pourrait inclure des réclamations de tous les footballeurs professionnels ayant joué dans l’Union européenne ou au Royaume-Uni depuis 2002. Cette initiative émane de la nouvelle fondation néerlandaise Justice for Players (JfP), lancée lundi à Amsterdam. Il s’agit du premier groupe à tenter une action en justice contre l’organe directeur du football mondial, s’appuyant sur le jugement de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) dans l’affaire Lassana Diarra, rendu en octobre dernier.

Affaire Lassana Diarra

L’ancien milieu de terrain de Chelsea, Arsenal et du Real Madrid a remporté une bataille juridique de dix ans contre la FIFA et la fédération belge de football, lorsque la plus haute cour de l’UE a statué que certaines des règles de la FIFA concernant le statut et le transfert des joueurs (RSTP) étaient contraires au droit de la concurrence européen. L’affaire portait sur la décision de la FIFA de condamner Diarra à une amende de 10,5 millions d’euros (9,1 millions de livres sterling / 12,1 millions de dollars) et de le suspendre pendant 15 mois pour avoir rompu son contrat avec le club russe Lokomotiv Moscou en 2014 « sans juste cause ».

Pendant sa suspension, le joueur international français a été empêché de rejoindre le club belge de Charleroi, car le régime RSTP a contraint l’organe directeur national à retenir le Certificat de Transfert International, nécessaire pour effectuer un transfert transfrontalier. De plus, le nouveau club du joueur était considéré comme « solidairement responsable » de toute indemnité due à son ancien club.

Réactions et implications

Diarra a fait appel de la décision de la FIFA devant le Tribunal arbitral du sport, mais n’a réussi qu’à réduire une partie de son amende. Il a donc lancé une contre-plainte contre la FIFA devant un tribunal belge, qui a finalement été portée devant la CJUE, où il a obtenu une victoire qui suscite des débats parmi les avocats. Certains estiment que cela remet en question l’ensemble du système de transfert, ouvrant la voie à des milliards d’euros et de livres en compensation pour la FIFA, tandis que d’autres pensent que l’impact du jugement sera plus limité.

Les fondateurs de JfP, sans surprise, se trouvent dans le premier camp et estiment que les règlements de la FIFA ont eu un effet néfaste sur le salaire de chaque joueur professionnel, tant masculin que féminin. Ils soutiennent que les joueurs n’ont pas exercé leur droit de résilier des contrats en raison des conséquences lourdes et incertaines, tandis que les clubs ont fréquemment rompu des accords en sachant que le système était en leur faveur.

Citant une « analyse préliminaire » de la société de conseil économique Compass Lexecon, JfP affirme que plus de 100 000 joueurs ont perdu environ huit pour cent de leurs gains potentiels de carrière en raison des règles illégales de la FIFA.

Procédure et soutien

L’affaire contre la FIFA et les fédérations de football de Belgique, du Danemark, de France, d’Allemagne et des Pays-Bas sera déposée devant le tribunal de district néerlandais de Midden Nederland, car la législation du pays est la plus favorable aux grandes actions collectives. Bien qu’il n’y ait pour l’instant que la FIFA et ces cinq fédérations, d’autres pourraient être ajoutées ultérieurement.

La direction de JfP est composée de deux avocats néerlandais très expérimentés, Lucia Melcherts et Dolf Segaar, ainsi que de l’ancien entraîneur adjoint de l’Angleterre et directeur technique de Tottenham Hotspur, Franco Baldini. Elle est également conseillée par Jean-Louis Dupont, l’avocat de Jean-Marc Bosman, qui a remporté peut-être le procès le plus significatif de l’histoire du football.

Les coûts de l’action collective seront pris en charge par Deminor, un financeur international de litiges qui finance des affaires en échange d’une part des dommages-intérêts accordés, plafonnée à 25 % de tout dommage, plus les frais de la procédure.

Appel aux joueurs

Les joueurs actuels et anciens sont désormais encouragés à contacter JfP via son site web, justiceforplayers.com, le procès devant commencer au premier trimestre de 2026. Il est probable qu’il faille au moins trois ans avant qu’un jugement soit rendu.

La FIFA n’a pas encore répondu à une demande de commentaire, mais le syndicat des joueurs européens FIFPro Europe a publié une déclaration indiquant que c’est « la réponse pratique attendue » au jugement de la CJUE et qu’il « reconnaît le droit fondamental des joueurs à poursuivre la justice ».

Cependant, le syndicat a également exprimé son engagement à poursuivre un dialogue constructif et des solutions collaboratives avec les autorités de football et publiques concernées pour sauvegarder la durabilité à long terme du football.