Dépenses de transfert et succès : Les gros investissements sont-ils vraiment corrélés aux victoires ?

Introduction

Il n’y a pas si longtemps, l’Angleterre peinait à briller sur la scène internationale. Ce phénomène et les raisons qui le sous-tendent ont même été jugés dignes d’une couverture de livre. « Why England Lose », publié en 2009, cherchait à répondre à la question épineuse de savoir pourquoi le pays fondateur du football n’a pas réussi à remporter de nombreux titres internationaux.

Analyse des Salaires et Performances

Les auteurs, Simon Kuper et Stefan Szymanski, ont utilisé des données pour explorer plusieurs autres questions, dont l’une a sans doute eu un impact plus significatif sur le monde du football que toute autre. En analysant les finances des clubs sur deux périodes s’étalant sur trois décennies, Kuper et Szymanski ont mis en évidence un lien clair entre la performance sur le terrain et les salaires. Plus un club dépensait pour son personnel au cours d’une saison donnée, plus il était susceptible de terminer en haut du classement. À l’inverse, moins il dépensait, plus il risquait de se retrouver en bas de tableau.

Ce principe s’est maintenu au fil du temps. Pensez aux clubs les plus performants du football mondial aujourd’hui : presque sans exception, ils figurent également parmi les plus gros dépensiers en salaires. Les exceptions sont si notables qu’elles méritent d’être mentionnées : Leicester City, par exemple, a remporté le titre de Premier League avec la 15e plus haute (ou la sixième plus basse) masse salariale lors de la saison 2015-16.

Les Dépenses de Transfert

Les salaires sont donc un bon indicateur financier de la performance footballistique, mais une autre forme de dépense suscite encore plus d’intérêt : les frais de transfert. En effet, Kuper et Szymanski ont été explicites en rejetant les frais de transfert comme un indicateur fiable de performance :

« Le montant qu’un club dépense en frais de transfert a peu de relation avec sa position finale dans le championnat. »

Alors que le duo a trouvé une corrélation de 92 % entre les masses salariales moyennes et la position en ligue sur une période de 19 ans, de 1978 à 1997, ce chiffre n’était que de 16 % pour les dépenses de transfert sur une seule année.

« Le problème avec les frais de transfert est qu’ils reflètent des paiements basés sur la performance attendue sur la durée du contrat et non par rapport à une saison donnée », a déclaré Szymanski par e-mail la semaine dernière.

Recherche et Corrélations

De nouvelles recherches cherchent à percer une partie de ce bruit. Aurel Nazmiu, Data Scientist Senior chez Twenty First Group (TFG), a examiné les dépenses de transfert non pas en isolation sur une seule saison, mais sur une période beaucoup plus large. Les résultats étaient intrigants. En prenant d’abord la Premier League, Nazmiu a trouvé que la corrélation entre les dépenses de transfert brutes et la performance sur une seule saison était de 46 % — modérément positive, mais pas particulièrement proche ou prévisible.

Cependant, en étendant la période d’une saison à trois, la corrélation pour les clubs anglais a grimpé à 61 %, et était de 66 % à la fin de la quatrième année. Cela reflète le commentaire de Szymanski sur les paiements étant basés sur la durée d’un contrat de joueur plutôt que sur une saison.

Conclusion

Dans l’ensemble, les salaires restent le meilleur baromètre financier de la performance sportive. Cela a été vrai depuis longtemps et, vous le soupçonnez, cela le restera encore longtemps dans le futur, à moins que des mesures visant à limiter l’écart dans les masses salariales des clubs ne soient introduites. Les dépenses de transfert montrent une corrélation plus faible, surtout à court terme, mais il existe des preuves que la patience porte ses fruits. Plus la période considérée est longue, plus il est probable que les clubs qui dépensent beaucoup réussissent sur le terrain, une constatation particulièrement prononcée dans la Premier League anglaise.