Crystal Palace et Lyon en Europa League : une problématique de multi-propriété à l’UEFA

Conflit d’Intérêts dans le Football Européen

Le règlement du football est souvent perçu comme flou, mais l’article 5.01 des règlements de l’UEFA pour ses tournois de clubs est particulièrement explicite. Il stipule que « personne ne peut être simultanément impliqué, directement ou indirectement, de quelque manière que ce soit dans la gestion, l’administration ou la performance sportive de plus d’un club participant à une compétition de clubs de l’UEFA. »

L’article précise également qu’« aucun individu ou entité légale ne peut avoir le contrôle ou l’influence sur plus d’un club participant à une compétition de clubs de l’UEFA », que ce soit par la détention d’une majorité des droits de vote des actionnaires ou par tout moyen d’influence décisive dans la prise de décisions du club.

Cette situation met les rêves de Crystal Palace de participer à leur première campagne européenne en péril. En effet, Eagle Football Holdings, le plus grand actionnaire du club anglais, possède également une grande part du club français de Lyon, qui a également été qualifié pour l’Europa League. Cela pose un sérieux problème.

Appel à la Réglementation

Il est donc légitime de se demander pourquoi l’UEFA devrait permettre à deux clubs sous la même propriété ou structure de gestion de participer à la même compétition. Des règles doivent exister pour prévenir de tels conflits d’intérêts, ainsi que pour protéger l’intégrité du football.

Ces dernières semaines, Crystal Palace a tenté de plaider son cas auprès de l’UEFA, affirmant que John Textor, d’Eagle Football Holdings, ne détient que 25% des droits de vote du club, malgré sa position d’actionnaire majoritaire. Lors d’une interview, Textor a reconnu que sa vision de réunir Palace avec Lyon et d’autres clubs de son empire n’avait pas pu se réaliser, Palace étant principalement géré par le président Steve Parish.

Les autres investisseurs de Palace ont fait pression sur Textor pour qu’il vende sa part de 43% dans Eagle. Woody Johnson, propriétaire des New York Jets, a fait une offre, mais elle n’a pas encore atteint la valorisation demandée. Un consortium, incluant la star de la NBA Jimmy Butler, a également discuté avec Textor. Cependant, la date limite pour les modifications de propriété avait déjà été dépassée le 1er mars, ce qui laisse l’avenir de Palace en attente.

Conséquences et Perspectives

Si Palace devait être exclu de l’Europa League, il ne pourrait pas entrer dans la Conference League car le club danois Brondby, déjà qualifié et également sous la propriété d’une entité liée à Palace, a la priorité en fonction des positions finales de la ligue.

Cette situation pourrait susciter de la sympathie pour Palace, notamment après leur victoire en FA Cup le mois dernier, qui a marqué un moment historique pour le club. Toutefois, la comparaison avec Drogheda United, qui a été exclue de la Conference League pour les mêmes raisons, montre que d’autres clubs de moindre envergure sont également affectés par ces règlements.

Le problème reste que le conflit d’intérêt persiste tant que deux clubs sont sous la même propriété, qu’ils aient ou non des chances tangibles de s’affronter. En effet, l’UEFA a mis en place des règlements pour éviter cela depuis juin dernier. Cependant, sa réponse semble insuffisante et ne dissuade guère la multiplication des propriétaires de clubs.

Vers une Réforme Significative

Dernièrement, l’UEFA a révélé que 105 clubs de première division en Europe font partie d’une structure de club multiples, illustrant ainsi l’ampleur de la situation. Pendant que certains clubs prospèrent sous ce modèle, de nombreuses histoires de clubs historiques voient leur identité compromise par des investisseurs extérieurs.

Au lieu de s’attaquer véritablement à la question de la propriété multi-club, la réponse de l’UEFA semble se limiter à des mesures cosmétiques. Par exemple, le City Football Group doit temporairement transférer ses actions à des fiduciaires indépendants pour éviter des conflits d’intérêts.

Si des structures de confiance sont établies pour répondre à des exigences apparentes, qu’est-ce qui empêche des pratiques plus problématiques ?

Dans un contexte où le football européen pourrait potentiellement être dominé par un petit nombre de réseaux de propriétaires, il est crucial que les autorités prennent des mesures significatives. L’Union Européenne du football (UEFA) doit aller au-delà de la simple paperasse pour préserver l’intégrité des compétitions et la diversité des clubs en veillant à ce que ceux-ci ne soient pas réduits à de simples actifs financiers.