Décision de la WBA et Politique des Organismes de Sanction
La récente décision de la World Boxing Association (WBA) en dit long sur la politique des organismes de sanction, bien plus que sur les ceintures en jeu sur le ring. Terence Crawford conserve son statut de WBA Super Champion dans la catégorie des 168 livres, tandis qu’Abass Baraou devient le seul détenteur du titre en super welterweight.
Contexte et Implications
Ce résultat n’est pas le fruit du hasard. Il découle de discussions en coulisses où le plus ancien organisme de sanction de la boxe a pesé ses options. Le comité des championnats de la WBA, composé en partie de juristes, en partie d’experts en classements et en partie d’opérateurs politiques, a été confronté à une question familière : comment garder votre plus grande star satisfaite tout en évitant que vos divisions ne deviennent un véritable désordre ?
D’un côté de la table se trouvait Crawford. La WBA a accordé au natif d’Omaha une dérogation spéciale pour abandonner ses obligations dans la catégorie des 154 livres afin de poursuivre Canelo Álvarez. Il a brillamment réussi, et la WBA n’allait jamais dépouiller un boxeur qui venait de marquer l’histoire de la boxe. Les victoires légendaires comptent, et le pouvoir de marché crossover de Crawford est un atout que l’organisation souhaite préserver.
De l’autre côté se trouvait le titre de super welterweight, inactif depuis un an, soutenu par des combats intérimaires et une certaine confusion. Yoenis Tellez a battu Julian Williams, avant d’être renversé par Baraou cinq mois plus tard. À ce moment-là, le comité avait une solution simple : élever Baraou, nettoyer la situation, et offrir aux prétendants un véritable champion à poursuivre.
World Boxing News avait anticipé ce résultat avant que le roi pound-for-pound et Canelo échangent des coups au Allegiant Stadium de Las Vegas, devant plus de 70 000 spectateurs sur place et plus de 41 millions de foyers sur Netflix.
Ainsi, le compromis est devenu évident. Crawford reste le porte-drapeau mondial, sa ceinture intacte à 168 livres, tandis que Baraou obtient la reconnaissance en tant que représentant de l’Allemagne à 154 livres. C’est de la politique 101 pour un organisme de sanction : protéger la superstar, organiser la division, et espérer que personne ne remarque la contradiction.
Les fans voient rarement les rouages de ces décisions, mais c’est ainsi que fonctionnent les organismes de boxe. Chaque décision est en partie un précédent, en partie une question de relations publiques, et en partie une question de survie. Dans ce cas, la WBA a réussi à cocher les trois cases : récompenser Crawford, mettre en lumière Baraou, et rester dans l’actualité.
À propos de l’auteur
Phil Jay est un journaliste de boxe vétéran, fort de plus de 15 ans d’expérience dans la couverture de la scène mondiale de la boxe. En tant que rédacteur en chef de World Boxing News depuis 2010, Jay a interviewé des dizaines de champions du monde et a rapporté en bord de ring lors des plus grandes soirées de boxe. Voir tous les articles de Phil Jay et découvrez son travail dans le journalisme des sports de combat.